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Le double fardeau nutritionnel de l’Inde
L’Inde est un pays fascinant, unique par son organisation sociale, la cohabitation des croyances, une démographie galopante qui va en faire dans les dix ans le pays le plus peuplé de la terre devant la Chine. L’inde comme beaucoup de pays émergents doit faire face à une double peine nutritionnelle : pouvoir nourrir toute cette population en disposant de ressources géographiques limitées et éviter de passer d’emblée aux travers nutritionnels des pays occidentaux.
J’ai eu la chance de participer à un débat organisé par des milieux économiques à Delhi sur ce thème du double fardeau et de l’accès à l’eau. Politiques, ministres, patrons de sociétés multinationales, scientifiques et médecins ont débattu et échangé pour tracer les pistes de demain.
Parmi les exposés préliminaires, la sous nutrition de l’enfant a été au cœur des débats. Un enfant sur deux âgé de moins de cinq ans souffre de carences nutritionnelles, il manque de micronutriments et vitamines. Ceci a des conséquences néfastes sur son développement intellectuel et physique et aussi des conséquences économiques à terme pour le pays.
La carence commence dès la grossesse entrainant une cascade d’évènements qui se dupliquent de génération en génération. Les femmes qui ont leur premier enfant à la fin de leur adolescence, sont elle même dénutries à ce moment et transmettent cette fragilité. Une grosse part des efforts doit porter sur elles et pendant leur grossesse pour donner toutes ses chances à leur enfant à naître.
Ensuite c’est essentiellement un problème politique. La nourriture existe, est là, le pays est maintenant en auto suffisance alimentaire, reste l’inégalité criante de répartition. De multiples organisations non gouvernementales (ONG) sont aussi là pour distribuer des supplémentations en micronutriments, des fonds gouvernementaux importants y sont dédiés, mais tout n’arrive pas jusqu’à la cible finale, une « évaporation » des fonds et moyens se faisant à chaque étage des nombreux intermédiaires.
Pour l’eau, l’Inde dispose de ressources importantes avec le massif montagneux le plus important du monde, mais là aussi le problème est technico politique. Sur 100 litres d’eau qui entrent dans les tuyaux, la déperdition est telle que seuls 20 arrivent à destination. Le gros chantier consiste à changer les tuyaux et équiper les ménages de compteurs et le pays de stations d’épuration.
C’est cette voie qui est privilégiée en confiant le soin à des entreprises privées de mettre en place ces structures, Véolia et Suez deux grands groupes français viennent d’emporter ce mois le marché de la distribution de l’eau à Delhi, 17 millions d’habitants…
L’eau est elle un droit de l’homme au même titre que l’air et donc l’accès devrait il être gratuit pour tous ? C’est une question majeure qui agite voir oppose ONG, gouvernements et entreprises privées concernées. Peter Brabeck, patron de Nestlé, a bien résumé la situation en se déclarant fervent supporter d’un accès minimal et gratuit à 25 litres d’eau de bonne qualité par jour et par personne, pour la boisson, cuisine, toilette, linge… et un accès payant pour le reste afin d’éviter le gaspillage et pouvoir entretenir et développer le réseau de l’approvisionnement au retraitement.
Je parlerai dans un autre billet de l’autre versant du fardeau nutritionnel : obésité et diabète en Inde, qui en fait est devenu le défi majeure de ce pays.
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